Dans le numéro 83 de La Grande Oreille, nous annoncions le départ de Martine Carpentier de la direction du Centre des Arts du Récit. Plusieurs témoignages et marques de reconnaissance ont été reçus par La Grande Oreille à la suite de ce départ contraint.
J’ai été particulièrement touché par son envie de défendre les arts du récit, sans se limiter à une esthétique ou un mode opératoire. À une époque où nos gestes artistiques sont ordonnés et classés à coup de mots clé et de hashtags, cette capacité d’embrasser notre discipline dans sa globalité me semble primordiale quand on dirige un lieu d’une telle importance.
Ainsi nos échanges portaient non seulement sur les récits, leur mise en scène et le processus de création, mais aussi sur tous ces aspects qui structurent notre pratique professionnelle : montage de projet, recherche de partenariats, stratégie de développement…
Franche, enthousiaste et d’une grande exigence, elle a toujours su répondre à nos demandes, même dans l’urgence. Et malgré la pandémie, elle a réussi à la fois à tenir ses engagements et à réinventer un
festival numérique et hybride avec celles et ceux qui le souhaitaient.
J’espère que nous la retrouverons, ailleurs ou dans une autre fonction, pour poursuivre ce dialogue fécond et imaginer ensemble de nouvelles actions.
Matthieu EPP
Cie Rebonds d’histoires
J’aimerais te témoigner à quel point ma rencontre avec toi et le festival ont été déterminante, nourrissante et réjouissante pour la conteuse que je suis. J’aimerais te remercier et saluer ton travail et ton engagement. Je te suis reconnaissante et sache que cela a été un véritable honneur de participer, à mon niveau, à tout ce que tu as mis en place.
J’espère, sincèrement que nos chemins se recroiseront. En attendant, je te souhaite une belle énergie dans tes nouveaux projets, qu’ils soient lumineux et chaleureux afin d’éclairer nos pas et nous rassembler encore une fois.
Élodie MORA
J’ai rencontré Martine Carpentier en mai 2015, alors que je venais de prendre la direction du Festival interculturel du conte de Montréal. J’ai tout de suite senti une grande affinité avec elle. Nous venions toutes les deux d’accepter la direction d’un festival légendaire à la suite du départ du fondateur ; nous avions toutes les deux hérité d’un patrimoine qu’il nous fallait à la fois protéger et faire évoluer ; nous étions toutes les deux parmi les rares femmes à l’époque dans des postes de direction en conte.
Contrairement à moi, Martine venait du monde des arts visuels. J’ai tout de suite été impressionnée par sa grande culture générale, sa sensibilité artistique aiguisée, son sens critique et son intelligence. Mais aussi et surtout par son engagement envers les artistes. Martine met les artistes au cœur de son travail. Elle cherche à les soutenir tant au niveau de la diffusion que de la création, dans le plus grand respect de leur démarche artistique. Elle a donné des ailes a beaucoup d’artistes.
Martine a une énergie hors-norme; quand elle venait au Festival de Montréal, on la voyait tant dans les salles de spectacle pour les tout-petits à 10h du matin que les spectacles adultes tard le soir. Elle profitait de son temps à Montréal non seulement pour aller voir un très grand nombre de spectacles, mais aussi pour rencontrer les artistes, les diffuseurs et les partenaires. Elle était continuellement en train de rêver et créer de nouvelles collaborations et projets. Elle était continuellement en effervescence créative.
Martine est également une femme très humaine, très chaleureuse. J’ai eu la chance d’aller plusieurs fois au festival Les arts du récit et j’ai pu bénéficier de sa grande hospitalité et du plaisir qu’elle prenait à accueillir les professionnels et les artistes; encore une fois, elle était là le matin tôt avec le café, et le soir tard autour d’un verre de vin. Elle ne dormait pas beaucoup je crois… Martine aimait ce qu’elle faisait, et ça paraissait !
Martine a su très rapidement prendre le pouls du monde du conte et proposer des actions concrètes pour le faire avancer. Elle est visionnaire. Pour ma part, j’ai pu profiter de son oreille attentive, sa perspicacité et sa créativité. Nous avions une relation professionnelle très fructueuse. J’espère que nous pourrons la poursuivre, et qu’elle trouvera où faire valoir ses nombreux talents car elle a beaucoup à donner.
Stéphanie BÉNÉTEAU
Directrice du Festival interculturel du conte de Montréal
Je voudrais parler d’elle sous l’angle de ces rapports parfois compliqués qu’entretiennent artistes et programmateurs, directeurs de salle ou de festival. Justement avec Martine, rien n’est compliqué. Je ne parle pas de connivence, j’évoque ici une simplicité dans la relation, don de chaque côté sans contre-don. Quelque chose qui s’appelle la confiance s’établit lorsqu’elle découvre votre travail… et qu’elle y adhère. Si j’avais une proposition ou une demande à lui faire, je ne me torturais pas les méninges avant de saisir le téléphone ou de lui écrire. Elle me répondrait en toute franchise, oui ou non. Oui, la robustesse de rapports simples où n’entrent pas en jeu l’égo ni le pouvoir.
J’ai apprécié qu’elle prenne le risque d’accueillir, lors du festival des Arts du récit 2018, Kaputt, d’après Malaparte. Ce n’était pas si évident. Même si Malaparte était un conteur hors pair et que son livre en témoigne magistralement, c’est, dans le choix de la source, pour un conteur et celles et ceux qui suivent son travail, un pas de côté. Lors du premier confinement, j’ai rejoint sans hésiter la joyeuse cohorte qui s’est mise à raconter au téléphone pour tenter, sous la coordination de Martine, de pallier la tristesse de l’annulation de ce grand festival historique que sont les Arts du Récit. Sa voix, son rire chaleureux nous accueillaient, fidèles au combiné. C’était, ces moments, de magnifiques pied-de-nez à l’adversité. Bonne route, Martine !
Fred POUGEARD
Cie l’Allégresse du Pourpre
En cette année 2021, le festival La Cour des Contes fête sa 26ème édition. Il fait partie des festivals des arts de la parole les plus anciensde Suisse. Sa mission est de promouvoir le conte et les conteurs à la fois en Suisse mais également dans les pays francophones. Le projet transfestival et transfrontalier « Envol de Mai » a ici toute son importance. En effet, nous avons depuis plus de dix ans mis en place avec Martine Carpentier du festival des Arts du récit des partenariats forts entre nos deux structures, que ce soit à travers des créations ou des programmations communes. Nos différents échanges sur l’organisation d’un festival nous ont permis de tisser des liens forts et une belle relation professionnelle.
Comme on le dit, rien ne se fait sans une équipe soudée et un capitaine à la barre. C’est ce que l’on ressent au festival : chacun a son rôle et tout se déroule dans une belle ambiance. Alors, je souhaite que ce que Martine a insufflé durant toutes ces années perdure dans ce grand festival qui permet rencontres et échanges entre spectatrices-eurs, artistes et programmatrices-eurs.
Pascal MABUT
Corresponsable du service culturel de Plan-les-Ouates