S’accompagnant à la guitare sur des airs entre blues et rock, le conteur et musicien a fait salle comble et entraîné le public dans une histoire rocambolesque et pleine d’humour.
C’était déjà l’heure de la dernière séance pour la saison 6 de la programmation « Contes et Rencont’es », concoctée aux petits oignons (ou à la soupe aux cailloux, plat emblématique du traditionnel repas version « auberge espagnole » qui ponctue toujours la soirée) par le duo MouveLOReille (Bérengère Charbonnier et Ariel Thiébaut). Cette édition 2022-2023 a filé trop vite et je n’ai pu assister qu’à deux ou trois de ses rendez-vous mensuels autour des arts du récit. C’est l’occasion de saluer une fois encore la persévérance et l’enthousiasme inébranlable de ces deux conteuses qui ont su faire de la BAM ! (Bibliothèque associative de Malakoff) un lieu phare de l’oralité en région parisienne et l’une des scènes ouvertes les plus courues pour les amateurs et amatrices d’histoires en tous genres.
Pour cette soirée de clôture, elles avaient convié le conteur et musicien François Vincent, une excellente idée pour offrir un moment inoubliable au public venu en nombre, malgré la chaleur étouffante de ce mercredi 14 juin. En effet, François Vincent est indéniablement l’un des artistes de la parole les plus doués de sa génération, qui revisite avec humour et inventivité les figures et motifs de la tradition orale pour tisser des récits intemporels qui peuvent être entendus et compris par tous les spectateurs, quel que soit leur âge. Nul besoin d’être un expert en contes pour se laisser entraîner par les histoires loufoques et pleines de rebondissements tout droit sorties de l’esprit créatif et malicieux de leur auteur.
Un parlé-chanté original
Atout supplémentaire : un style bien à lui, qui le distingue des autres conteurs, un parlé-chanté, inspiré du « talking blues », un genre musical entre country et folk, qui mêle paroles et chansons, et où la sonorité des mots prend tout son sens. Il s’accompagne lui-même à la guitare et compose ses propres mélodies. Dans La Vengeance du Grand Murdoch, il a recours à plusieurs techniques de narration classiques, notamment le conte-randonnée ou conte en chaîne qui reprend en boucle une série d’éléments permettant au personnage principal d’accomplir sa mission, en l’occurrence pour le Grand Murdoch, punir avec un bâton son petit frère qui a mangé toutes les framboises. De même, il utilise le procédé de l’histoire dans l’histoire (ou histoire à tiroirs) pour raconter les exploits de son héros Donny Mac Finn face à la Vieille de fer, une variante de la sorcière des contes traditionnels, et à sa fille.
Avec François Vincent, pas de récit de vie égocentré, pas de sens caché à découvrir, pas de volonté de faire dire autre chose aux contes traditionnels, juste le plaisir pur et simple d’écouter des histoires joliment narrées en musique, de sourire, parfois même rire aux éclats, et de se changer les idées grâce aux aventures rocambolesques de personnages hauts en couleurs comme le Grand Murdoch, Donny Mac Finn, la Vieille de fer…
La Vengeance du Grand Murdoch, de et avec François Vincent. Dates des représentations à venir dans la rubrique Agenda du site du conteur.
