Un spectacle de contes, chansons et musique, par Michèle Bouhet et Jean-Louis Compagnon
Par Claire Péricard
Michèle Bouhet conte et Jean-Luc Compagnon joue de la guitare et interprète les chansons créées pour le spectacle. Ils nous transmettent, avec une simplicité exigeante, un enthousiasme et une passion débordantes, leur curiosité de la vie et leur regard tendre, drôle et incisif posé sur les autres… les gens !
Où il est question de territoire…
Comment l’habitons-nous ? Comment nous habite-t-il ? C’est incroyable ce que le mot territoire contient comme autres mots : tiroir, hérite sans « h », etc…, qui, par un tour de passe-passe langagier, se transforme en une phrase pleine de sens et porteuse des valeurs de leur propos.
C’est une exploration du genre humain que nous propose ce spectacle où s’entremêlent des contes traditionnels revisités, des histoires quotidiennes et d’autres plus singulières, grâce une écriture originale, un mélange entre l’intime et le politique.
Ces deux artistes réussissent à nous faire rire ! Mais pas que : émotion, gravité, poésie côtoient sans cesse l’humour présent tout au long du spectacle. Avec pour tout décor : un banc, une table de bistrot et deux verres avec la carafe pastis.
Un village imaginaire
« On braque, on braque », c’est l’injonction de Jean-Louis Compagnon à Michèle Bouhet qui manœuvre le banc, telle une voiture et cette action qui revient, à plusieurs reprises, rythme les différents moments du spectacle. Comme ils nous disent : « C’est comme dans la vraie vie, où il y a toujours quelqu’un qui se croit obligé d’aider à braquer celui ou celle qu’il suppose ne pas savoir le faire correctement ! »
Puis tout commence : un vieux regarde ce qui se passe même s’il n’y a rien à voir. Les personnages de leur « village imaginaire », tour à tour, prennent vie devant nous, pour le plus grand plaisir de nos yeux et nos oreilles. On apprend à les connaître, à les apprivoiser, à les aimer.
Des gens ordinaires ?
« Vivre chaque jour l’ordinaire, c’est ça qui est extraordinaire », disent Michèle et Jean-Louis, à travers leur galerie de personnages.
Comme ce gars, dont la mission en ce bas-monde est de faire rire les gens et qui va rencontrer une fille qui, elle, raconte des histoires et des légendes.
Comme cette vieille, dernier rempart face à un pouvoir totalitaire, qui déjoue de façon magistrale la toute-puissance d’un tyran.
Comme cette jeune femme, qui vient s’installer au village et soulage les gens en les massant. Son rêve aurait été de s’occuper des morts mais comme elle n’a pas « la gueule de l’emploi » (trop jeune), en attendant, elle s’occupe des vivants, « ce qui n’est pas mal non plus », ajoute-t-elle, –
Et cette version inoubliable de Moitié de Jau (le poulet en poitevin) où la conteuse se transforme en un Lucky Luke des temps modernes, accompagné par la guitare de son comparse qui nous chante : « I am a poor chiken… » Il ne faut pas tout vous dévoiler mais vous laisser le plaisir de découvrir ce Chemin des gens.
Tous deux originaires du Poitou, Michèle Bouhet et Jean-Luc Compagnon font preuve d’une belle complicité, reflet de tout un parcours de vie et artistique en commun.
Elle est imprégnée, entre-autre, de la tradition orale de son pays natal. Lui aime les mots qui chantent, la musique qui parle et les sons qui sonnent.
Il et elle font partie de la Compagnie de la Trace qui se présente ainsi : « Un collectif, un collectif de “rêveureuses” qui a l’intuition que chaque existence a sa mythologie, que l’ordinaire porte son extraordinaire et que les histoires intimes tissent une grande légende. Que cette vaste légende est éclairée tant par les textes de théâtre, les contes, les chansons, que par les récits inspirés du témoignage. ».
BAM (Bibliothèque Associative de Malakoff) qui accueille tous les mois la programmation de Contes et Rencontres, précédée d’une scène ouverte.