Blog « Les voies du conte » Critique

Ma grand-mère avait des doigts de sorcière

Catherine Pierloz, conteuse belge, amoureuse du merveilleux, a présenté trois spectacles au festival La cour des contes début mai à Plan-Les-Ouates en Suisse, près de Genève : « Cassandre, Ma grand-mère avait des doigts de sorcière » et sa nouvelle création « Miroir ô ».

Dans la lumière ?

Catherine se précipite la première, pour à 11 ans, ouvrir les portes de l’école et partir en vacances. Elle a gagné et depuis 6 ans déjà !

Nous voilà dans la R4 rouge des parents, avec elle, son frère et sa sœur, pour aller chez la grand-mère en Autriche. Envie, pas envie, une fois par an, le long voyage commence comme dans toutes les familles, avec toutes ces anecdotes. Vivant, dans la bonne humeur, le récit se déroule, agrémenté d’une petite chanson sur la grand-mère qui s’appelle Oh Mama.

Mais le doute s’installe, qui est cette mystérieuse grand-mère : ses ongles poussent crochus, chez elle tout est rempli, elle sent le chocolat chaud et cache des bonbons, personne ne peut entrer dans sa chambre qu’elle ferme à clef. Nos yeux d’enfant ne sont ils pas les mêmes face à nos grands-parents, ces vieilles personnes, et identique notre surprise de comprendre qu’eux aussi ont été jeunes ?

Un jour, punie et enfermée dans le grenier, l’ainée met à distance ses peurs en découvrant le conte de Hansel et Gretel et le raconte, en allemand et français. Comment surmonter ses peurs et grandir, comment dépasser les interdits ? La sorcière et la grand-mère deviennent comme une figure parallèle pour la toute jeune fille.

Catherine Pierloz, dans ce spectacle qui s’adresse aux enfants à partir de 6 ans, fait surgir toutes les images dangereuses qui les fascinent. Dans la salle, le silence est palpable. La langue allemande, gutturale, amène d’autres images aux adultes.

Le rythme du récit est haletant, alternant interaction avec le public, conte traditionnel, conte de randonnée, chants. L’intensité est à son comble quand le récit nous fait entrer dans la chambre de la grand-mère pour découvrir enfin ce que cette sorcière cachait.

C’est une libération pour l’enfant, un dénouement au rythme de « Il était une fois dans l’ouest », uniquement  grâce à une photo et une histoire, enfin une histoire racontée par sa grand-mère,  un voyage imaginaire, une ville merveilleuse où l’on ne prend que ce que dont on a besoin et on donne ce dont on n’a plus besoin. Mais rien ne se passe comme en rêve… Le vent s’engouffre alors dans la maison de la grand-mère, les fenêtres sont grandes ouvertes, la maison se vide, les oies sauvages partent et la jeune fille de presque 12 ans fait comme sa grand-mère, s’envole par la fenêtre hors de l’enfance.

 

Compagnonnage artistique : Emmanuel De Loeul

Avec le soutien de l’Union Régionale des Foyers Ruraux du Poitou-Charentes et de son Pôleculturel régional des arts de la parole et des écritures contemporaines.

Coproducteur : Union Régionale des Foyers Ruraux du Poitou-Charentes

Martine Carpentier a dirigé le Centre des Arts du récit de 2014 à 2020.

Écrire un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.